Si les taux de crédit immobilier continuent d’augmenter en ce mois de septembre, les emprunteurs pourraient bientôt être au bout de leurs peines. Bien que certains professionnels anticipent déjà des taux à 5%, d’autres assurent qu’un palier a été atteint.
Quel avenir pour les emprunteurs sur le marché du crédit immobilier ? Depuis de nombreux mois, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour les prétendants. D’abord bloqués par le taux d’usure, taux maximum autorisé « tout compris » au-dessus duquel une banque ne peut pas prêter, les emprunteurs ont ensuite vu les taux augmenter mois après mois, passant de 1% en février 2022 à 4% en moyenne aujourd’hui.
En cette rentrée de septembre, la hausse perdure. « Les banques augmentent leurs taux de crédits, note Vousfinancer dans un communiqué, qui fait état de taux à 4,25% sur 25 ans, voire 4,5% dans certains établissements. Julie Bachet, directrice générale du courtier maintient « un scénario de taux à 4,5% d’ici la fin de l’année et 5% début 2024 compte tenu de la réapparition, mais très marginale à ce jour, de taux à 5% dans un barème. »
Quelle stratégie pour les banques ?
« Traditionnellement en septembre, mois riches en transactions immobilières, les banques baissent leurs taux de crédit pour capter des nouveaux clients et boucler leurs objectifs de production de crédits de l’année. Cette année, on constate que la situation est tout autre et que les banques ne sont plus du tout dans cette stratégie, bien au contraire », explique Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.
Xavier Lacombe, co-fondateur d’Artémis courtage, confirme cette tendance, estimant même que la barre des 5% pourrait être dépassée d’ici la fin de l’année : « Après une légère accalmie au cours du mois d’août, les taux de crédit immobilier vont encore augmenter en septembre. Certaines banques annoncent déjà des hausses de barèmes substantielles comprises entre 0,15 et 0,35 point. Et cette tendance devrait se poursuivre au cours du dernier trimestre : si les taux s’élèvent, en moyenne, à 4,15% sur 25 ans, tous les signaux laissent penser qu’ils devraient atteindre 5% d’ici à la fin de l’année 2023 ».
D’autres sont plus optimistes, et promettent aux candidats à l’emprunt des jours meilleurs dans un futur proche. Maël Bernier, directrice de la communication chez Meilleurtaux, confirme une hausse des barèmes sur le mois de septembre, « aux alentours de 4,10% sur 20 ans et 4,20% sur 25 ans. » Mais la bonne nouvelle se cache ailleurs. « Deux banques reviennent sur le marché du crédit immobilier, avec des objectifs de regagner des clients, assure Maël Bernier. C’est une très bonne nouvelle, car la concurrence va freiner la hausse des taux. Je mise sur une stabilisation à 4,5%, je ne pense pas que les taux moyens atteindront les 5%. »
Le retour d’une concurrence favorable pour les emprunteurs
Même son de cloche pour Cécile Roquelaure. Elle espère que ces retours vont « maintenir les taux moyens en dessous des 5% pour une majorité de l’offre. Le seul sujet réellement présent demeure les ressources dont disposent les banques pour prêter, qui vaut aux futurs acquéreurs une attention accrue à l’épargne résiduelle après projet et hors apport. »
Outre la mise en concurrence, les banques peuvent aujourd’hui, grâce à un taux d’usure désormais fixé à 5,56% pour les prêts les plus longs, reconstituer leurs marges. « Les taux d’emprunt des banques sont stabilisés depuis plusieurs semaines autour des 3%. Donc aujourd’hui, la marge des banques est rétablie. Tous les signaux sont au vert pour que les banques se remettent à prêter », veut croire la directrice de la communication de Meilleurtaux. Une bonne nouvelle pour les emprunteurs qui devraient donc retrouver dans les prochaines semaines des établissements prêts à les suivre pour réaliser leurs projets.
Reste que pour un retour au beau fixe, les emprunteurs devront néanmoins atttendre une baisse des prix conséquente. Si cette dernière a été enclenchée ces dernières semaines, elle devrait s’accélérer au cours des prochains mois.
Ainsi, Meilleurs Agents note déjà que « les prix ont diminué de -0,4% au niveau national », mais « prévoit un recul des prix de l’immobilier de -4% » sur les 12 prochains mois, et « un cycle baissier qui devrait perdurer au-delà de 2024 ».